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Et si la carte bancaire était en train de disparaître, non pas dans un fracas technologique, mais dans un glissement progressif, orchestré par les stratèges les plus silencieux de l'industrie ? C’est ce que nous révèle Arnaud Grauzam, directeur monde de la stratégie services chez Mastercard, dans un entretien dense et inspirant, donné lors d’un webinaire organisé avec les étudiants d’ESIC.

Du logo au langage

Longtemps, Mastercard fut un logo. Discret. Posé sur un rectangle plastique. Une facilité logistique, un accès à la consommation. Mais en coulisse, un changement de paradigme a pris racine : celui d’une entreprise qui ne vit plus de la carte, mais de l'écosystème qu'elle active.

Aujourd’hui, 40 % du chiffre d’affaires du groupe provient de services technologiques. La carte ? Un support parmi d’autres. Le véritable actif, c’est la transaction numérique. Ce clic qui devient signal. Ce signal qui devient donnée. Cette donnée qui devient valeur.

Les cartes sont virtualisées, parfois jusqu'à disparaître. Le paiement devient réflexe, intégré, contextuel. Le client ne "paie" plus, il vit une expérience.

Le paiement comme infrastructure invisible

Mastercard anticipe une métamorphose de la finance, aussi radicale que souterraine. Dans cet avenir, le paiement n’est plus un moment. C’est un protocole. Un standard technique. Une infrastructure fluide entre marchands, banques, gouvernements et consommateurs.

Arnaud Grauzam identifie cinq chantiers critiques pour bâtir ce futur :

  • Virtualisation : Comment certifier une identité dans un monde sans visages ?

  • Fragmentation : Du wallet au virement en passant par le paiement vocal, tout doit être interopérable.

  • Fraude algorithmique : L’IA est utilisée par les fraudeurs. Elle doit l'être aussi par les défenseurs.

  • Souveraineté numérique : Les nations veulent contrôler leurs données. Mastercard s’adapte.

  • Vie privée vs personnalisation : Un équilibre éthique entre pertinence et anonymat.

Quand l’IA vous dit : « vous avez acheté cela ici »

Le futur du paiement n’est pas que technique. Il est sensible. Mastercard développe déjà des agents IA capables d’acheter pour vous, de sécuriser vos données, de détecter les incohérences entre vos comportements et votre historique. Demain, ce ne sera plus vous qui paierez. Ce sera votre avatar algorithmique, exécutant vos volontés en contexte.

Et lorsque vous direz « ce n’est pas moi qui ai acheté ça », votre app bancaire dialoguera avec le commerçant, remontera la facture, et gérera la suite. Le paiement devient conversation.

Conseils à une génération en transition

Pour les étudiants et jeunes professionnels, Grauzam livre un message simple :

« La rareté, aujourd’hui, c’est la capacité à penser entre les silos. »

Il invite à sortir des compétences généralistes pour s’ancrer dans un métier, une techno, un problème concret. Il plaide aussi pour une obsession du client final : comprendre ses frictions, ses attentes, ses réflexes. C’est de là que naît la valeur.

Une tech qui se veut humaine

L’innovation Mastercard se veut aussi inclusive :

  • Des cartes inclusives, adaptées à tous les profils.
  • Des scores d’empreinte carbone par transaction.
  • Des initiatives comme Trouata pour garantir une anonymisation réelle des données.

La tech ne doit pas seulement servir la performance. Elle doit régénérer la confiance.

Mastercard : ni banque, ni start-up, mais plateforme systémique

Ce que nous raconte ce webinaire, c’est l’histoire d’un glissement. Mastercard ne vend plus un moyen de paiement. Il opère une infrastructure transactionnelle planétaire. Sa mission : fluidifier les échanges, éclairer les données, protéger la confiance.

Le futur du paiement ? Peut-être une voix. Un geste. Une intention. Et tout le reste — l’exécution, la sécurité, la conversion, la personnalisation — deviendra invisible.

Et c’est justement cela, le luxe numérique : l’invisible, mais parfaitement orchestré.

Dernière mise à jour: 15/07/2025